

Il existe 32 espèces de bambous endémiques à Madagascar qui poussent essentiellement le long des massifs centraux et dans les forêts humides de la grande île. Dans ces régions à la pluviométrie élevée, le bambou est utilisé depuis des siècles pour différents usages : habitat, artisanat, source d’énergie…
Les variétés de bambous que nous utilisons pour nos projets de plantation et de production d’énergie ne sont pas endémiques à Madagascar. Il s’agit de variétés sélectionnées pour leur rendement de biomasse élevé et qui n’ont pas de risque d’hybridation avec les variétés de bambous locales.
Les variétés de bambous que nous utilisons pour nos plantations ne sont pas invasives et ne représentent aucune menace pour les différents écosystèmes de Madagascar. Ils s’agit pour la plupart de variétés de Dendrocalamus et Bambusa, espèces qui sont originaires d’Asie du Sud-Est qui poussent « en touffe dense » avec un rhizome dit sympodial.
Nous ne plantons pas de variétés de bambous qui poussent avec un rhizome traçant de type monopodial qui peut s’avérer invasif. Ces variétés de bambous que l’on retrouve sous les climats tempérés des pays européens proviennent essentiellement de Chine. Ils peuvent résister à des températures allant jusqu’à -10° C l’hiver.
Il existe plusieurs méthodes pour obtenir des plants de bambous :
- Par bouturage. Ce processus prend du temps et ne permets pas de produire des plants en grande quantité.
- Avec des graines importées d’Inde ou de Chine. Le rendement de germination des graines de bambou est en moyenne de seulement 50 %. Les graines de bambou ont une capacité à germer d’uniquement quelques semaines. Avant d’importer des graines, il est indispensable de s’assurer de l’intégrité du fournisseur et que les graines aient été collectées récemment.
- Par reproduction en culture in vitro. Cette méthode est la plus rapide et permet de produire des plants de bambous en grande quantité. La production par culture in vitro nécessite a minima 21 jours d’électricité en continu pour assurer 18 h de lumière par jour, un taux d’humidité et de température précis et régulier. L’INBAR a financé la construction de deux laboratoires in vitro à Madagascar avec lesquels notre association peut collaborer pour mener des projets de plantation de plus de 300 hectares.
Un plant de bambou coûte en moyenne à Madagascar deux à trois fois plus cher qu’un plant d’arbre. La raison principale est que la plupart des plants de bambous en vente dans les pépinières malgaches sont obtenus par germination de graines importées sur lesquels s’appliquent des frais de douanes élevés (44%).
La production de plants de bambous par culture in vitro est également coûteuse du fait qu’elle nécessite l’utilisation d’énergie électrique pendant 21 jours avant que les plants ne terminent leur croissance en extérieur.
A contrario, la grande majorité des espèces d’arbres disponibles en pépinière à Madagascar sont produites à partir de graines récoltées localement. Après être mis avec de la terre dans de petits sacs, les graines ont ensuite juste besoin d’une bonne exposition à la lumière et d’un arrosage régulier pour germer et grandir.


Pour chaque projet, nous préconisons l’utilisation de plusieurs variétés de bambous. Les variétés sont choisies selon les caractéristiques du sol et du climat des régions où sont menées les plantations.
Notre association étant en contact avec de nombreuses pépinières qui produisent de multiples essences d’arbres et de végétaux, nos projets peuvent également inclure la plantation d’arbres fruitiers tels que des manguiers ou des papayers.
L’équipe de Valiha Diffusion supervise également la plantation de raphia pour restaurer les zones humides touchées par l’érosion. Variété de palmier qui pousse dans les milieux marécageux et le long des fleuves, le Raphia Farinifera est originaire de Madagascar. En plus de maintenir les sols avec ses racines, Il sert aussi de matière première à la production d’artisanat et de vannerie.
Notre connaissance du terrain nous permet d’accompagner de petits agriculteurs et des groupements de paysans (VOI) à planter quelques hectares de bambous sur des parcelles privées.
Nous avons également les connaissances requises pour mener des projets de reforestation importants sur des superficies de plus de 1000 hectares.
Afin de restaurer des bassins versants touchés par l’ensablement et de maintenir des berges de rivières, notre association peut aussi planifier et organiser des programmes de reforestation à l’échelle d’une région.
Notre association peut mener des programmes de plantations de bambous dans 15 régions sur les 23 que compte Madagascar :
Boeny, Sofia, Vakinankaratra, Atsinanana, Analanjirofo, Itasy, Bongolava, Vatovavy, Fitovinany, Haute Matsiatra, Analamanga, Amoron’i Mania, Alaotra-Mangoro et Menabe.
Avec le programme PROSPERER, le directeur de notre association a permis de structurer des pépinières qui produisent des plants de bambous dans 9 régions de Madagascar.
Ces différentes pépinières nous permettent d’avoir accès à des plants de bambous de différentes variétés qui correspondent le mieux aux écosystèmes où ils sont destinés à être plantés.
Ainsi, les variétés Dendrocalamus asper, Dendrocalamus giganteus et Bambusa bambos sont produites exclusivement dans des pépinières situées dans les régions de l’est et du nord de Madagascar qui reçoivent des régimes de précipitations élevés.
Les pépinières situées sur les hauts plateaux de Madagascar produisent des plants de bambous adaptés à la podologie d’un sol riche en fer et une importante saison sèche. Il s’agit surtout des variétés Bambusa vulgaris, Dendrocalamus strictus et Oxythenanthera abyssinica.
Notre association a également les compétences pour déployer de nouvelles pépinières et former des équipes pour produire différentes variétés de bambous, arbres et raphias dans de nombreuses régions de Madagascar.


Afin de répondre aux forts besoins en charbon de la part de la population, des forêts d’eucalyptus ont été plantées dans différentes régions de Madagascar. Si les plants de d’eucalyptus sont bons marchés et facilement accessibles dans les pépinières, il est néanmoins préférable de planter du bambou à Madagascar pour plusieurs raisons.
- Les forêts d’eucalyptus arrivent à maturité au bout d’une dizaine d’années. Pour produire du charbon, elles sont coupées à ras en ne laissant aucun bénéfice à la biodiversité.
- Le bambou peut commencer à être exploité 4 à 5 ans après sa plantation et est auto régénérateur. Un tiers de ses chaumes (tiges) peuvent être prélevées chaque année sans porter préjudice au plan de bambou qui peut vivre selon les variétés jusqu’à une centaine d’années.
- Les eucalyptus acidifient les sols sur lesquels ils poussent, rendant difficile les cultures vivrières après leur plantation.
- Les bambous produisent l’effet inverse. Ils régénèrent les sols naturellement avec la chute de leurs feuilles qui crée un épais paillage de l’ordre de 5 à 10 TMS/ha/an pour une bambouseraie mature.
Le pouvoir calorifique du charbon de bambou est 1.6 fois plus élevé que le charbon d’eucalyptus produit par les charbonniers. Le rendement en poids du bambou après carbonisation est 10 % supérieur à celui de l’eucalyptus et son volume est également 1.29 fois plus élevé.
Compte tenu des différents rendements de croissance et de carbonisation, 1 hectare de bambou dédié à la carbonisation permet d’obtenir autant de charbon que sur 1.8 hectare planté d’eucalyptus.
En tant que responsable technique du programme PROSPERER, le directeur de notre association à Madagascar a accompagné pendant douze ans de nombreux agriculteurs à planter et produire du charbon de bambou.
Le programme PROSPERER s’étant achevé fin 2021, notre association continue de soutenir plusieurs producteurs de charbon de bambou en vendant leur production sur le marché local et à l’export pour répondre aux besoins de l’industrie cosmétique.
Dans de nombreux pays au climat tropical, la production de charbon de bambou permet d’installer une économie vertueuse qui préserve les forêts primaires de la déforestation, produit de l’énergie et génère des revenus.
À Madagascar, le charbon de bambou est vendu dans les principales villes au même prix que le charbon produit à partir de plantations d’Eucalyptus. En partenariat avec différentes ONG et bailleurs de fonds internationaux, notre association a pour vocation de développer une filière de production et de vente de charbon de bambou à l’échelle nationale qui puisse profiter à de nombreux acteurs :
- Planteurs de bambou en charge de l’entretien des plantations et de la coupe des chaumes.
- Charbonniers qui assurent la combustion du bambou en charbon.
- Transporteurs qui acheminent le charbon de bambou dans les villes de Madagascar.
- Revendeurs qui commercialisent le charbon de bambou dans les nombreux points de ventes dont ceux de l’ONG ADES Solaire.
- L’industrie cosmétique qui l’utilise comme composant. Le charbon de bambou étant reconnu pour ses propriétés à absorber les bactéries et corps gras.